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Quand le soleil et la pluie s'en donnent à coeur joie, les pelouses en profitent ; on les entendrait presque pousser !
Le geste de ce mois est simple à mettre en place et permet d'aider facilement la nature à l'échelle de son jardin : il suffit de lever le pied, et de relever les roues !
Le "système pelouse"
La pelouse est une surface colonisée, artificiellement le plus souvent, par plusieurs espèces de graminées (le gazon) qui, en raison des mélanges commerciaux, tendent à s'uniformiser dans le monde entier : ray-grass anglais (Lolium perenne), fétuque rouge (Festuca gr. rubra), agrostis commun (Agrostis capillaris), pâturin des prés (Poa pratensis) et pâturin annuel (P. annua) sont les principales espèces rencontrées.
Ce tapis vert, relativement uniforme, est parfois ponctué de plantes herbacées spontanées comme la pâquerette, le pissenlit, le trèfle, le plantain, le lierre terrestre, le mouron blanc, etc. que certains considèrent comme de véritables "fléaux". Ce sont pourtant ces dernières qui donnent à la pelouse son intérêt pour la biodiversité, et parfois pour les hommes (plusieurs sont comestibles et/ou médicinales) ! Il conviendrait donc de les laisser en paix...
Les espèces de graminées ont, pour la plupart, besoin d'un sol relativement riche et d'une exposition ensoleillée pour prospérer. Les tontes répétées, avec retrait des "déchets", épuisent progressivement le sol qui va s'appauvrir et s'acidifier, laissant le champ libre aux herbacées moins exigeantes, et aux mousses dans les zones ombragées.
Chez certains jardiniers, la solution adoptée pour lutter contre cet "envahissement" est basée sur différents produits : herbicides chimiques pour les "indésirables", sulfate de fer pour les mousses, engrais de synthèse pour reverdir le gazon... ou solutions plus naturelles (et à privilégier !) comme un épandage de compost et de carbonate de calcium (chaux, lithothamne) ou de cendre de bois en automne pour neutraliser l'acidité du sol et l'enrichir.
La pratique de la tonte
Pour entretenir la pelouse, il faut la tondre. Une pratique qui n'est pas dénuée d'impacts sur l'environnement...
La fréquence :
La tonte va modifier indirectement la communauté végétale de la pelouse. Régulière, elle favorise le développement des espèces vivaces ou qui se reproduisent par voies végétatives (avec des racines traçantes, par exemple), et les annuelles à cycles de vies très courts (qui peuvent fleurir et faire des graines entre deux tontes).
Les tontes plus espacées permettent quant à elles aux annuelles à cycles de vie plus longs de s'épanouir sans être fauchées pendant leur croissance.
L'idéal consisterait donc à tondre un peu plus régulièrement les zones de passage, et un peu moins certaines zones du jardin (on pourrait même, pourquoi pas, implanter une prairie fleurie ou une une zone de friche à ne faucher qu'une ou deux fois par an).
La hauteur :
La hauteur de coupe va également avoir de l'importance.
La tendance est au gazon ras, façon moquette, coupé au plus court (sans doute dans l'idée de tondre moins souvent). Une pratique qui n'est pas forcément adaptée aux plantes, qui se retrouvent coupées dans des zones peu photosynthétiques, perdent ainsi la majorité de leurs réserves nutritives, et brunissent donc s'il fait un peu chaud et sec.
Exposé au soleil, le sol se dessèche, s'appauvrit et se dégarnit... Recette assurée pour une moquette brune en été !
Dans le même ordre d'idée, il est conseillé de ne jamais tondre plus d'un tiers de la hauteur de la pelouse, pour éviter les mêmes désagréments.
Une tonte plus haute (plus de 4 cm) permet par contre aux plantes de s'enraciner plus profondément et de conserver de l'humidité au niveau du sol, l'herbe est ainsi plus tolérante à la chaleur et à la sécheresse, elle brunira moins vite, et le sol resté humide sera plus vivant et plus fertile ce qui freinera notamment l'installation de la mousse. Autre point positif, les "déchets" de tonte seront évidemment moindres.
Le choix de la tondeuse
On y pense peu, mais la tondeuse est une machine et, comme presque toutes les machines, elle pollue !
Outre l'énergie et les matériaux nécessaires à sa fabrication et son transport vers le magasin, la tondeuse utilise de l'énergie pour fonctionner : de l'électricité, de l'essence ou de l'huile de coude.
Les tondeuses à essence sont de loin les plus polluantes. Elles émettent à l'utilisation 1500 fois plus de monoxyde de carbone (CO), 31 fois plus d'hydrocarbures et d'oxydes d'azote, et 18 fois plus de CO2 qu'une tondeuse électrique ! Une tonte régulière avec une tondeuse à essence pourrait même émettre 1,5 fois plus de CO2 que ce que le gazon absorbe en croissant, transformant la pelouse en une source de gaz à effet de serre !
L'usage des tondeuses à essence est donc à éviter ; les très grands espaces de pelouses pourront être repensés pour accueillir des bosquets, des zones d'herbes hautes, des prés fleuris ... et pourquoi pas quelques moutons ?
Pour les (très) petites et moyennes surfaces, c'est-à-dire pour la majorité des jardins bruxellois, l'option de la tondeuse à main est à envisager sérieusement. Non polluante, elle se révèle assez efficace et facile d'usage, surtout si la tonte est haute et assez régulière. Elle permet en outre de faire un petit peu de "sport", ce qui est bienvenu dans un monde où la sédentarité progresse constamment. De plus petit calibre, elle est aussi plus facile à ranger dans les petits espaces.
La tondeuse électrique est un intermédiaire intéressant dans certaines circonstances, notamment pour les premières tontes de l'année ou pour les pelouses très hautes face auxquelles les tondeuses à main se montrent parfois plus récalcitrantes.
Enfin, encore une fois, il s'agit de repenser ses pratiques pour diminuer l'impact environnemental individuel : ne peut-on pas envisager de fonctionner avec des petites tondeuses à main, et de se prêter les tondeuses de forte puissance entre voisins pour les usages plus ponctuels ?