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"Des Abeilles et des Hommes"... et des questions !

Sorti dans les salles françaises le 20 février dernier, et débarquant en Belgique le 20 mars prochain, le documentaire suisse "Des abeilles et des Hommes" (More than Honey) nous est présenté par la presse comme une œuvre incontournable.

Nous avons, il y a quelque mois, été invités à l'avant-première du distributeur, désireux de s'accompagner des "professionnels de l'abeille". Voici donc notre opinion sur le film.

 

 

 

 

Nous nous joignons à un nombre croissant d'apiculteurs critiques et mécontents vis-à-vis de cette œuvre de l'apiculteur suisse Markus Imhoof.

 

Malgré de magnifiques images, avec des macros époustouflantes, le film, amputé de narration, fait se succéder des scènes sans donner un fil rouge qui permettrait au spectateur — complètement ignorant des thématiques apicoles, puisque le film est destiné au grand public — de comprendre les tenants et aboutissants des questions traitées.

 

Mais, d'ailleurs, qu'elle est la question centrale du film ? À quoi tente-t-il de répondre ? Difficile à dire. Il ne s'agit pas réellement d'un documentaire qui expliquerait les causes de la disparition des abeilles, les pesticides néonicotinoïdes étant complètement oubliés, par exemple.

 

Le film ressemble plutôt à un film d'apiculteur passionné, pour des apiculteurs.

 

Il présente des scènes d'une apiculture américaine obésifiée et indécente, contrastant avec celles d'une apiculture traditionnelle au cœur des Alpes, présentée comme dépassée, presque ridicule. Le réalisateur amène ensuite des extraits d'une production quasi industrielle de reines dociles, puis embraye sur l'idée de ramener des gènes "sauvages" d'abeilles tueuses dans les colonies élevées. Des questionnements somme toute assez techniques.

 

Et voilà, enfin, le seul but profond de M. Imhoof : présenter et "vendre" le travail de son beau-fils dans la dernière partie du film. La recherche de nouvelles superabeilles est présentée comme la seule solution viable pour l'apiculture (et sans remettre en cause la pollution, l'agriculture et ses pesticides, ou tant d'autres menaces).

 

Finalement, le film se termine de manière équivoque et contradictoire sur une scène qui laisse sous-entendre que, non, finalement, les abeilles vont bien et s'en sortiront sans nous (mais seulement les abeilles tueuses...).

 

Nous nous réjouissons que la thématique "abeilles" soit de plus en plus populaire et que les différents problèmes qui touchent les insectes pollinisateurs soient de plus en plus médiatisés. Nous regrettons cependant que ce film soit élevé au rang "d'enquête exceptionnelle" ou de "formidable Odyssée", alors qu'il manque cruellement de pédagogie et qu'il pourrait même implanter certaines fausses idées dans l'esprit des spectateurs.

 

Sur le même thème, on consultera donc avec intérêt des œuvres beaucoup plus pertinentes, comme "Le mystère de la disparition des abeilles" chez Arte Editions.

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