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Après les fortes chaleurs et la sécheresse du printemps, l’été et le début des vacances ont soufflé un vent plus frais et bien agréable pour nos abeilles bruxelloises ! La Ministre de l’environnement, Céline Fremault, a enfin pris position de manière déterminée en faveur des pollinisateurs en affirmant sa volonté de lancer un véritable plan d’action bruxellois pour les abeilles.
On vous en parle depuis maintenant plusieurs années : l’apiculture connait un développement massif à Bruxelles ! Installation de ruchers sur le toit des entreprises, parrainage de ruches par les citoyens,… les abeilles mellifères ont le vent en poupe et occupent une place de choix sur la scène médiatique et dans les préoccupations des Bruxellois et des Bruxelloises ! Malheureusement, ces initiatives sont impropres à enrayer le déclin massif des abeilles constaté en Belgique, comme aux quatre coins du globe. Pire, elles déteriorent probablement la situation en induisant une concurrence avec les autres insectes pollinisateurs pour l’accès aux ressources qui leur sont nécessaires. Cette situation, rencontrée aussi dans d’autres métropoles européennes ou Outre-Atlantique, commence seulement à être perçue par les acteurs de terrain et les décideurs politiques.
Apis Bruoc Sella salue dès lors la volonté de la Ministre de prendre cette problématique à bras le corps et de mettre de l’ordre dans les projets d’apiculture ou de soutien aux abeilles qui fleurissent aux quatre coins de notre capitale. Nos interpellations régulières ne sont pas restées lettre morte et c’est avec espoir que nous voyons parmi les pistes d’actions retenues par la Ministre plusieurs des solutions que nous soutenons depuis plusieurs années. L’installation de ruches d’abeilles mellifères sur le territoire bruxellois sans prise en compte des ressources florales nécessaires à leur alimentation ni des impacts de leur présence sur les abeilles sauvages déjà présentes doit être stoppée au plus vite. Le greenwashing entourant le parrainage de ruches doit être purement et simplement arrêté.
Nous préconisons une apiculture urbaine visant à répondre à des objectifs de loisir et/ou de pédagogie. Ou éventuellement une apiculture à visée professionnelle, quand l’élevage des abeilles et la production de miel s’inscrivent dans un projet de maraichage urbain qui valorise l’activité pollinisatrice des abeilles. Cette apiculture urbaine doit être durable, c’est-à-dire liée au potentiel mellifère de l’endroit – à la quantité et à la diversité des fleurs présentes – et pratiquée selon des techniques respectueuses du bien-être animal.
Plus largement, l’abeille doit être remise à sa juste place en ville : véritable clé-de-voûte de la nature par son action de pollinisation des végétaux, l’abeille (mellifère comme sauvage) nous invite aussi à nous pencher sur la qualité de notre environnement. Contribuer à une ville « abeilles admises », c’est construire une cité où la nature à sa place, où il fait bon vivre, pour nous aussi.
Ces dernières semaines, les comportements des abeilles mellifères nous ont une fois encore rappelé les effets tangibles d’un autre type de problème environnemental : l’effet d’îlot de chaleur urbain. Les températures élevées rencontrées partout en Belgique durant le printemps ont été encore plus importantes en ville et, au sein de celles-ci, sur les toitures. C’est vraisemblablement des températures allant au-delà des 40°C que les abeilles installées sur les toits de la capitale ont dû affronter. Et cela ne va pas sans conséquences : les ouvrières s’activent alors principalement à refroidir l’intérieur de la ruche et à maintenir le couvain à une température adaptée. Le travail de butinage de nectar et la production de miel se réduisent au profit de la recherche d’eau aux alentours et de comportements de ventilation au sein de la ruche ou de barbe à l’extérieur de celle-ci.
Une fois de plus, l’abeille nous renseigne donc de manière manifeste sur un problème auquel doit faire face notre environnement urbain. Loin de n’être qu’une « productrice de miel », l’abeille est un excellent indicateur de la qualité environnementale de la ville. Cette caractéristique essentielle doit être valorisée au mieux dans le cadre d’une véritable stratégie bruxelloise en faveur des abeilles, et, par là, en faveur de la nature et de notre santé.
Dans le contexte de crise politique que Bruxelles rencontre aujourd’hui, espérons que cette volonté politique d’agir en faveur des abeilles puisse réellement et rapidement aboutir.