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Pollinis, le retour

Les interrogations sur Pollinis restent nombreuses, à l’heure où leur dernière campagne se diffuse largement sur la toile. Si le message à destination du grand public est savamment orchestré, on ne peut malheureusement pas en dire autant de leur communication vis-à-vis des acteurs de terrain. Bien des interrogations subsistent sur les motivations et réalisations concrètes de cette toute jeune association.

En 2013 déjà nous faisions état de notre perplexité sur cette initiative. Parmi les points soulevés alors se trouvaient les messages diffusés par la pétition et les doutes concernant les motivations réelles des fondateurs et le fonctionnement de l’association. Nous avions à l’époque cherché à rencontrer N. Laarman pour faire la lumière sur ces questions, sans succès malheureusement.

Plus d’un an après, l’interrogation reste entière. Si l’exactitude et le ton de la dernière vidéo de Pollinis sont mis en cause par certains, on ne peut qu’être impressionnés par la diffusion virale de cette capsule vidéo et de leur dernière pétition ! Plus de 270.000 signatures mi-décembre selon l’association… A titre comparatif, la campagne de l’ONG Greenpeace, « Save the bees », en cours dans une dizaine de pays d’Europe depuis le mois d’avril a rassemblé pour sa part 500.000 signatures.

Les actions de communication de Pollinis ont le mérite d’attirer l’attention de tous sur la problématique des abeilles, bien que le choix des outils (emailing viraux) puisse être discuté. Mais qu’en est-il de l’efficacité réelle de ces actions sur les cibles qu’elle vise ? Une institution aussi militante, motivée ou organisée soit elle ne saura pas obtenir seule d’avancées significatives en matière d’interdiction de pesticides, de protection des abeilles ou d’amélioration des pratiques agricoles.

Pour contrer « le lobby des firmes agrochimiques », l’heure est davantage à la concertation et la collaboration entre associations qu’à la course en solitaire. Or, aucune association active dans la protection des abeilles (qu’elle soit apicole ou environnementale) n’a été associée au combat de Pollinis bien qu’elles mobilisent des citoyens ou des professionnels. Pire, la jeune association française tourne purement et simplement le travail de ces structures en dérision au moyen d’une rhétorique pour le moins populiste et, ce faisant, met en cause leur expertise dans ces questions.  

Enfin, l’absence de transparence ou de visibilité sur les réalisations concrètes de Pollinis (qu’en est-il des conservatoires, des parrainages de ruches, des remises de pétitions, des réseaux d’acteurs… ?) nous invite à la prudence. Une récente rencontre avec l’administrateur-délégué de la structure ne nous a pas fourni davantage d’informations convaincantes à ce propos. Si les motivations des protagonistes sont peut-être sincères, les moyens mis en œuvre pour les atteindre sont insuffisants. Comment s’assurer de la crédibilité d’une association qui remue la toile avec ses nombreuses campagnes au style sensationnaliste quand elle n’offre aucune visibilité sur ses réalisations de terrain. Pas de revue de presse permettant de corroborer leurs succès, pas de témoignages de partenaires attestant leur action. Dresser un tableau de l’ensemble de leurs campagnes et pétitions relève de véritables fouilles archéologiques, avec pour seul matériau leurs propres dires.

Pollinis promet plus d’informations à ce propos dans les prochains mois ; nous attendons de voir ! D’ici là, nous ne signerons pas la pétition de Pollinis.

Mise en ligne : décembre 2014

Date: 
Mardi, 23. Décembre 2014 - 19:15
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