Flowers

Le geste du mois - Semer une prairie fleurie (même une toute petite !)

Transformer quelques mètres carrés de gazon en véritable paradis pour les abeilles ? C'est facile ! Troquer une zone de pelouse monotone pour un espace d'herbes folles et de fleurs... c'est le concept de la prairie fleurie !

Nous vous proposons donc ce mois-ci de créer, vous aussi, un petit coin de nature sauvageonne dans votre jardin ! Un cadeau pour la biodiversité de votre quartier...

En effet, un pré fleuri n'offre pas que des fleurs aux abeilles et autres butineurs ! Il fournit aussi à une multitude d'autres petites bêtes des feuilles et des graines à manger, des tiges où pondre et s'abriter, des racines à grignoter ou entre lesquelles s'enfouir... Une oasis de vie !

 

Le pré fleuri semé par Apis Bruoc Sella et Bruxelles Mobilité au Musée du Tram

Où placer votre pré fleuri ?

Pas besoin d'une grande superficie ! Le terme prairie fleurie est utilisé de manière générique, sans qu'il faille y dédier des dizaines d'ares. Un seul mètre carré peut déjà bien aider la nature présente dans votre quartier !

L'idéal serait de placer le coin de végétation dans un endroit relativement ensoleillé, éventuellement dans le fond du jardin... si la proximité immédiate des herbes folles vous pose un souci esthétique. 

Comment semer ?

1. Avant toute chose, il faut mettre le sol à nu

S'il est occupé par de la pelouse, on pourra retirer les plaques de gazon (qu'on réutilisera éventuellement ailleurs, pour réparer des zones dégarnies par exemple). Couvrir la zone de pelouse par des cartons et des bâches sombres pendant plusieurs semaines est également une façon douce — mais bien plus lente ! — de parvenir à un sol relativement propre. L'utilisation d'herbicides (type Round Up) est évidemment à proscrire !

2. Une fois la zone débarrassée de sa végétation, bêcher superficiellement pour décompacter le sol, puis on ratissera correctement pour l'aplanir et retirer les débris végétaux et les cailloux qui s'y trouveraient.

3. On pourra ensuite semer à la volée : on compte généralement un gramme de semences par mètre carré (voir les indications du fournisseur sur l'emballage). Les résultats sont plus esthétiques avec un semis plus épars, qui permet aux plantes de se développer correctement. Un semis trop dense, qui étoufferait les plantes, est donc à éviter.

Idéalement, si le mélange est constitué de graines pures, on mélangera celles-ci avec du sable (5 volumes pour 1). Certains mélanges commerciaux contiennent déjà des cosses de sarrasin, inertes, pour faciliter le semis. 

4. Une fois les graines dispersées au sol prendre bien soin de tasser la terre (avec un rouleau ou une planche). Cette opération est essentielle pour mettre les graines en contact avec la terre et les y incruster afin qu'elles ne soient pas emportées par les pluies ou l'arrosage. 

Les graines de plus gros calibre (tournesol, capucines...) peuvent être enfoncées un peu plus profondément dans la terre avec le doigt.

5. Il convient ensuite d'arroser le tout s'il fait sec, en attendant que le temps fasse son œuvre... 

Le faux semis

Sur les terrains riches en graines, comme les anciennes pelouses, on peut pratiquer le faux semis : on met le sol à nu, on arrose, on attend que les graines naturellement présentes dans la terre germent et se mettent à pousser. Ensuite, on désherbe à nouveau, et on procède au semis de la prairie comme expliqué ci-dessus.

 

De gauche à droite : abeille domestique sur bourrache, bourdon terrestre sur bleuet,
punaise sur chrysanthème des moissons, bourdon des prés sur cosmos

 

Comment l'entretenir ?

Un pré fleuri ne demande pas des quantités énormes de travail, ce qui s'avère d'autant plus intéressant pour les jardiniers paresseux. 

Il convient de faucher la surface au moins une fois par an, après la montée en graines des plantes, généralement en septembre-octobre. On peut éventuellement faucher également mi-juin. Les pratiques de gestion différenciée conseillent, pour les grands espaces, de ne faucher qu'une moitié de la prairie au printemps, et l'autre à l'automne. 

Important : il faut évacuer le produit de la fauche, pour éviter que la dégradation des plantes coupées n'enrichisse le sol. Les prés se portent en effet mieux sur des sols relativement pauvres. Le produit de la fauche sera laissé en tas sur le bord du pré pendant quelques jours pour permettre aux insectes de regagner le pré.

Quelles plantes choisir ?

Les magasins regorgent de mélanges fleuris prêts à l'emploi : "Mélange prairie fleurie", "Mélange mellifère", "Mélange butineurs", "Mélange papillons", "Mélange jardin champêtre", etc. 

Ces mélanges reprennent une grande diversité de plantes, généralement des espèces sauvages et quelques espèces exotiques et horticoles. On trouve également dans le commerce des mélanges à visée purement esthétique ("Jardin de curé", "Jardin anglais", "Jardin bleu/rouge/rose/blanc", etc.) 

Les espèces sauvages (indigènes) de ces mélanges ne sont parfois pas d'origine locale, elles viennent souvent d'Allemagne, parfois même de Chine dans les mélanges de la grande distribution. Certains scientifiques y voient un risque de pollution génétique des populations sauvages présentes dans la nature. Dans la mesure du possible, privilégier les espèces d'origine locale certifiée.  

 

De gauche à droite : syrphe (mouche) sur nielle des blés, syrphe (mouche) sur cirse,
bourdon terrestre sur coquelicot, abeille sauvage sur colza

 

On y trouve également des variétés horticoles de ces plantes indigènes, comme du bleuet double ou "pompon", dont les organes sexuels ont été transformés en pétales, et qui perd donc de son intérêt pour les pollinisateurs.

Les mélanges 100% indigènes posent parfois des soucis esthétiques, aussi y intègre-t-on généralement des espèces "exotiques" plus florifères (comme les cosmos, les rudbéckies, les échinacées, les zinnias, les tournesols, les coquelicots de Californie, etc.) qui ajoutent un grand intérêt visuel et permettent également d'étendre la floraison jusqu'aux gelées (et apporter une ressource alimentaire à la faune jusqu'en fin de saison).

Les mélanges prennent généralement soin d'intégrer tant des espèces annuelles (qui poussent et fleurissent la première année) que des espèces bisannuelles (poussent la première année, fleurissent la deuxième) et vivaces (poussent puis refleurissent tous les ans). Les espèces annuelles et bisannuelles pourront au besoin être resemées via leurs propres graines (sur des zones de terre nue, ou en godets ; le semis sur un pré existant n'est pas très efficace). 

Certains mélanges intègrent également un pourcentage plus ou moins grand de graminées, c'est-à-dire d'espèces proches du gazon ou du chiendent. Avec le temps, les graminées ont tendance à envahir la parcelle, aux dépens des plantes à fleurs. Sur de très petites surfaces, nous conseillons donc de privilégier les mélanges 100% floraux, d'autant que les graminées s'implantent tout à fait spontanément sans qu'il soit besoin de les semer. 

 

De gauche à droite : abeille sauvage sur marguerite, larve de coccinelle sur carotte sauvage,
papillon (carte géographique), bourdon des prés sur mauve musquée

 

Nous vous proposons ici une liste des espèces les plus fréquentes dans les mélanges du commerce. Vous pourrez sans doute y retrouver les plantes présentes dans le mélange acheté, et déterminer s'il s'agit de plantes indigènes ou exotiques. Nous indiquons aussi les noms latins des principaux genres de graminées, et les quelques espèces de plantes invasives à éviter. 

Espèces indigènes courantes (liste non exhaustive) : Chrysanthème des moissons (Chrysanthemum segetum), Marguerite des champs (Chrysanthemum leucanthemum), Bleuet (Centaurea cyanus), Coquelicot (Papaver rhoeas), Nielle des blés (Agrostemma githago), Julienne des dames (Hesperis matronalis), Vipérine (Echium vulgare), Carotte sauvage (Daucus carota), Réséda jaune (Reseda luteola), Trèfle des prés (Trifolium pratense), Campanule raiponce (Campanula rapunculus), Achillée millefeuille (Achillea millefolium), Digitale pourpre (Digitalis purpurea), Lamiers (Lamium sp.), Bourrache (Borago officinalis), Lotier (Lotus corniculatus), Giroflée (Erysimum cheiri), Myosotis (Myosotis sylvatica), Compagnon rouge (Silene dioica), ...

Espèces exotiques courantes (liste non exhaustive) : Coreopsis (Coreopsis sp.), Cosmos (Cosmos bipinnatus, sulphureus), Clarkia (Clarkia sp.), Rudbéckies (Rudbeckia sp.), Échinacées (Echinacea sp.), Zinnias (Zinnia elegans), Pois de senteur (Lathyrus odorata), Coquelicot de Californie (Escholtzia californica), Muflier (Antirrhinum majus), Tournesol (Helianthus annuus), ...

Espèces de graminées (envahissantes, à éviter sur les petites surfaces) : Agrostis sp., Anthoxantum sp., Briza media, Carex sp., Dactylis sp., Elytrigia sp., Festuca sp., Holcus sp., Juncus sp., Lolium sp., Luzula sp., Phleum sp., Poa sp., Trisetum sp.  

Espèces de légumineuses (très mellifères, mais enrichissent le sol -- engrais verts --, à limiter éventuellement ou à réserver pour les jachères apicoles) : Trèfles (Trifolium sp.), Phacélie (Phacelia tanacetifolia), Mélilots (Melilotus sp.), Sainfoins (Onobrychis sp.), Vèsces (Vicia sp.), Gesses (Lathyrus sp.), Luzernes (Medicago sp.), Lotiers (Lotus sp.)

Espèces à éviter/supprimer (invasives) : Rudbéckie laciniée (Rudbeckia laciniata), Onagre/Dame d'onze heures (Oenothera biennis), Gaillarde (Gaillardia x grandiflora)

 

Date: 
Jeudi, 24. Avril 2014 - 11:15
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