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Si, de manière générale, les plantes indigènes (sauvages de nos régions) sont plus profitables à notre nature locale et devraient être privilégiées, le jardin d'ornement intègre bien souvent toute une série de plantes horticoles.
Cette grande catégorie intègre à la fois les variétés cultivées de nos plantes sauvages, issues de nombreux croisement — pour obtenir les mêmes espèces, mais avec des fleurs plus grandes, d'une couleur particulière, avec plus de pétales, ou avec un feuillage différent, etc. —, et les espèces exotiques, dans leurs versions sauvages ou, plus souvent, elles aussi dans leurs versions cultivées.
Les plantes horticoles forment donc un tout très hétérogène, et il est dès lors difficile de se dire entièrement pour ou entièrement contre l'intégration de ces dernières dans les jardins.
Si les plantes horticole ont mauvaise presse dans les milieux naturalistes, c'est parce que les "risques" posés par leur introduction dans les jardins sont nombreux.
Le premier est celui des évasions : les plantes exotiques cultivées dans les jardins ou les parcs peuvent, sous certaines conditions, passer les clôtures et retrouver leur liberté dans des écosystèmes qui ne sont pas les leurs. Sans consommateurs ou parasites, elles profitent d'un avantage compétitif évident et prolifèrent, au détriment des espèces indigènes : on les dit alors invasives. C'est le cas, par exemple, du buddléia, ou arbre à papillons, qui envahit friches et talus, ou de la berce du Caucase qui en plus d'être invasive représente un réel danger tant sa sève est brûlante. (Retrouvez la liste complètes des espèces invasives animales et végétales sur le site de la plateforme biodiversity.be).
Un deuxième risque, plus compliqué à cerner, concerne la pollution génétique des populations de plantes sauvages locales. En effet, au cours des décennies, les plantes sauvages se sont adaptées aux caractéristiques de leur environnement en mettant en place toute une série de parades, visibles à l'oeil nu ou non, codées dans leur ADN. Ce fragile équilibre génétique peut être brisé par l'introduction, dans les jardins, de plantes de la même espèce, mais qui ont évolué dans des milieux différents (on parle d'écotypes), ou qui ont été sélectionnées pour tel ou tel critère esthétique : il s'agit donc des variétés horticoles de nos plantes sauvages, mais également des variétés sauvages originaires d'autres pays (comme l'Allemagne ou, pire encore, la Chine). Par l'entremise de la pollinisation, l'échange de matériel génétique peut ainsi mettre en péril la stabilité des populations de plantes sauvages.
Certaines plantes présentent quant à elle une relative innocuité pour le milieu, mais les conditions liées à leur culture sont désastreuses. C'est le cas du pélargonium, erronément appelé géranium, que l'on retrouve en quantités incroyables sur les balcons et dans le fleurissement communal. Originaire d'Afrique, le pélargonium est reproduit quasi-industriellement par bouturage (à grand renfort d'hormones de bouturage synthétiques, apparemment cancérigènes), et doit passer l'hiver en serres chauffées, sans descendre sous les 18°C... ce qui représente une consommation énergétique énorme. Engrais de synthèse et pesticides se rajoutent à ce cocktail peu flatteur. Rajoutons enfin que, malgré sa floraison abondante, le pélargonium n'est pas une plante mellifère et n'est presque d'aucun intérêt pour la faune !
Les plantes vendues en jardineries et en grandes surfaces résultent, la plupart du temps, de ce type de pratiques culturales non durables : utilisation de tourbe (qui implique destruction des tourbières et aggravation du réchauffement climatique), d'engrais synthétiques et des pesticides particulièrement nocifs. Ce dernier point a été traité par une étude récente de Greenpeace Suisse qui signalait que 98% des plantes de jardineries testées contenaient des pesticides nocifs pour les abeilles, certains étant même normalement interdits. La situation est vraisemblablement similaire dans les autres pays européens.
Tout n'est pourtant pas si négatif. Les plantes horticoles présentent plusieurs intérêts, à condition de bien les choisir.
Le premier est évidemment d'ordre esthétique : des floraisons colorées et abondantes ou des feuillages particuliers contribuent à accroitre la palette végétale des paysagistes professionnels ou amateurs. Un critère particulièrement important pour la végétalisation urbaine, où il convient de respecter certaines attentes (plus sociales que pratiques) inhérentes à la ville.
Un atout écologique important reste malgré tout la tendance qu'ont certaines de ces plantes à fleurir longtemps, quand nombre de plantes indigènes ont des floraisons de courte durée. Si elles fournissent pollen et/ou nectar, elles deviennent alors de formidables alliées des insectes pollinisateurs ! Certaines plantes fleurissent sans interruption de mai à septembre. D'autres vont même offrir leurs fleurs jusqu'à ce que les gelées les fauchent dans leur élan. Si on y ajoute des bulbeuses, qui fleurissent très tôt dans la saison, on fournit ainsi aux insectes une ressource importante tout au long de l'année.
Dans un souci de respect de la nature, on évitera l'achat et la plantation des plantes reprises sur la liste des invasives avérées, disponible sur le site de la plateforme biodiversity.be, ou plus spécialement encore sur AlterIAS, qui propose pour chacune une ou plusieurs alternatives indigènes.
De manière générale, on privilégiera les variétés aux fleurs simples, et non les variétés à fleurs doubles, triples, ou "pompons" (c'est le cas des dahlias, bleuets, soucis, chrysanthèmes, etc.). Ces dernières ont été obtenues par la multiplication du nombre de pétales, au détriment des organes sexuels de la fleur, qui ne représente alors plus de réel intérêt pour les insectes.
Pour limiter les contaminations par les pesticides, on pourra se procurer les plantes au travers de nombreuses bourses d'échanges de particulier à particulier, organisées par les cercles horticoles, ou via certains groupes Facebook et autres sites internet de passionnés. Les plantes (et c'est surtout vrai pour les variétés annuelles) pourront être semées plutôt qu'achetées en jardineries, idéalement au départ de graines non issues du commerce conventionnel.
Enfin, si vous flashez sur une vivace vendue en jardinerie traditionnelle, il peut être intéressant (si c'est possible) de l'acheter à la fin de sa floraison ; une fois repiquée, elle n'attirera les abeilles que l'année suivante, quand les pesticides qu'elle contient auront disparu...
Les catalogues regorgent d'espèces et de variétés, et il serait impossible de les envisager toutes ici, d'autant que la littérature concernant leur potentiel mellifère et leur intérêt pour les abeilles reste très pauvre. Certaines plantes que l'on sait intéressantes sont ainsi introuvables dans les ouvrages traitant du sujet, puisque ceux-ci se focalisent la plupart du temps sur les plantes indigènes.
En plus des bulbeuses de printemps et des aromatiques, voici donc quelques espèces de plantes vivaces et annuelles qui plaisent aux abeilles...
Floraison : Juil-Sept |
Floraison : Intérêt mellifère ++ (Pollen 1, Nectar 3) N.B. Les graines du tournesol pourront être gardées pour nourrir les oiseaux en hiver. |
Floraison : juin-nov |
Floraison : Juil-Août N.B. Choisir de préférence les variétés à fleurs simples. |
Floraison : Juil-Sept |
Floraison : Mai-Oct N.B. La plante est extrêmement toxique, voire mortelle, et doit être évitée si vous avez des jeunes enfants. Déconseillée sur la voie publique. |
Floraison : Juin-Oct N.B. La rudbéckie laciniée (R. laciniata) est invasive et ne devrait pas être plantée. |
Floraison : nov-mai N.B. Attention, la plante est extrêmement toxique, et sa plantation doit être évitée si vous avez de jeunes enfants. |
Floraison : juil-oct |
Floraison : avr-mai |
Floraison : juil-oct |
Floraison : mai-juin |
Floraison : juil-août |
Floraison : juin-nov |
Floraison : mai-août N.B. Intéressante comme toutes les fabacées : gesses, vesces, petits pois, haricots, sainfoin, mélilot, glycines, etc. Attention, dans les fabacées, le lupin est invasif en Belgique. |
Floraison : mai-juin |
Floraison : juin-sept |
Floraison : juin-sept Intérêt mellifère ++ (Pollen 1, Nectar 3) Abeilles mellifères ++ Bourdons à langues longues + et courtes ++ Abeilles solitaires + NB. En Belgique, une abeille sauvage, la mélitte de la salicaire, est inféodée à la salicaire sauvage (Lythrum salicaria). |
Floraison : juin-sept N.B. Les népétas émettent des composés chimiques qui déclencheraient les phéromones sexuelles dans le cerveau des félins... d'où son nom. |
Floraison : juin-septembre, selon les espèces N.B. De nombreuses variétés (couleurs, tailles) existent. Les variétés basses sont utilisées comme couvre-sol, notemment sur les toitures vertes. |
Floraison : juin-août N.B. L'épiaire byzantine (Stachys byzantina), parfois appelée oreille d'âne, présente des feuilles duveteuses. Elles ont un intérêt particulier pour les abeilles cotonnières (Anthidie à manchettes, Anthidium manicatum) qui récoltent les fins poils pour en tapisser leur nid. |
Intérêt mellifère +++ (Pollen 2 , Nectar 3) Abeilles mellifères +++ Bourdons à langues longues et courtes +++ Abeilles solitaires +++ N.B. Plantes de terre acide, il convient de les cultiver dans le terre dite "de bruyère" (comme les azalées, rhododendrons, hortensias, pierris, etc.) |
Floraison : mai-juin N.B. Préférer les variétés simples ; les bourdons viendront violemment arracher les pétales des variétés doubles pour accéder au nectar par la base de la fleur. |
Floraison : mai-juillet |
Floraison : juin-octobre N.B. Souvent associées aux tomates, qu'elles protègent des nématodes. |